La Roseraie de Rosheim

La Roseraie de Rosheim

samedi 20 juillet 2019

Svalbard, le Bout du Monde

Ah mes amis !

Vous le savez maintenant, avec mon épouse nous aimons les voyages et tout particulièrement ceux qui nous mènent vers les régions boréales peu fréquentées et encore sauvages ; le Groenland a été une superbe occasion d’apprécier l’infinie solitude d’une nature livrée à elle-même, mais cette fois-ci nous avons choisi l’archipel de Svalbard, particulièrement sa région septentrionale du Spitzberg, pour étancher notre soif de nature brute, authentique, oubliée.
Carte de la croisière offerte par Ponant

Mais avant tout, je tiens à préciser que notre aventure s’est déroulée avec la compagnie Ponant, dont le souci du respect de la nature, de l’environnement, de la faune et de la flore de l’archipel est primordial, tant pour la gestion des déchets que pour la régulation d’énergie. En outre, le Boréal était commandé par le capitaine Etienne Garcia, dont les qualités humaines ont largement contribué à la réussite de la croisière.

Ah ! encore une petite remarque préalable: Vous pouvez agrandir en cliquant dessus ou copier ces photographies libres de droit selon vos envies, mais si toutefois vous souhaitiez en faire des copies sur un support public (dont réseaux sociaux), il est impératif d'en préciser l'origine.

Bien que le Svalbard soit entre 74° et 81° de latitude nord, c'est-à-dire à un peu plus de 1000 km du pôle nord, l’archipel possède principalement sur sa côte ouest un climat relativement doux, comparé à d'autres endroits situés à la même latitude. Les températures moyennes vont de -16 °C en hiver à +12 °C en été, avec des pics de -30°C en hiver, particulièrement sur la côte orientale. Le minimum enregistré a été de -46,3°C le 4 mars 1986. La côte septentrionale est balayée par le Gulf Stream qui en tempère les conditions climatiques. Ce même courant océanique arrive sur un terrain froid et provoque de nombreuses phases de brouillard très dense, malgré l’extrême sécheresse du climat, les précipitations n’excédant souvent pas plus de 200 à 300 mm de pluie par an, contre 500 à 2000 mm/an en France. La météo est très variable et les prévisions souvent peu fiables d’une heure à l’autre.

L’archipel qui compte plus de 30 îles a une superficie de 62 000 km2 (approximativement la Belgique et les Pays-Bas réunis), dont 36 500 soit environ 60% sont recouverts de glace. L’île principale du Spitzberg comprend près de 38 000 km2 dont 22 000 sont recouverts par la glace. Avec une population d’environ 2 700 habitants, dont environ 1 500 norvégiens, 800 russes et ukrainiens, le reste comptant plus de 40 nationalités différentes, la densité est de 0,04 habitant par km2 ! Il est à noter que contrairement au Groenland par exemple, le Svalbard n’a jamais eu de population autochtone.

Depuis la fin du 19ème siècle la plupart des glaciers du Svalbard sont en recul. C’est la raison pour laquelle on pénètre de plus en plus à l’intérieur des terres par rapport aux cartes terrestres et marines datant de quelques décennies.

Un autre phénomène dû aux basses températures, non visible celui-là, est le permafrost, sol gelé en permanence partout sur une profondeur de 100 à 500 m. Au cours de l’été, seule la partie superficielle du sol dégèle, de 30 cm à un peu plus de 2 mètres selon les cas, permettant l’existence d’une végétation adaptée, la toundra. Il en résulte que toutes les constructions doivent être faites sur pilotis, et qu’avec  le changement climatique, l’enfouissement des pilotis n’est actuellement plus suffisant et demande dans de nombreux cas des travaux complexes de réfection. Les canalisations d'adduction et d'évacuation d'eau sont surélevées et isolées. 

Statue de mineur

La rue principale de Longyearbyen

Canalisations sur-élevées et isolées thermiquement



La moyenne globale de la couverture nuageuse varie peu suivant les saisons. En été, le ciel est souvent couvert et rarement dégagé. La durée des jours et des nuits continus s’accroît d’environ 6 semaines entre le 74 et le 81ème °N, et le jour polaire dure environ 6 semaines de plus que la nuit car les rayons du soleil s’incurvent légèrement vers le bas en traversant les couches très froides de l’atmosphère. En juin et en juillet, le soleil est tellement haut que son éclat ne varie pratiquement pas selon les heures de la journée. A la fin du mois d’octobre, le soleil disparaît sous l’horizon pour trois mois et demi. A Longyearbyen, l’obscurité totale dure deux mois et demi, du 14 novembre au 29 janvier, le soleil restant au moins à 4° sous l’horizon. Le jour réapparaît début février et le soleil vers le 16 février. Le manque de lumière et de soleil est malheureusement à l'origine du côté souvent peu contrasté de mes photographies !

La deuxième église la plus septentrionale du monde
A l’âge du carbonifère, soit il y a quelque 250 à 350 millions d’années, la plaque tellurique sur laquelle se situait l’actuel archipel du Svalbard se trouvait en région équatoriale, ce qui a valu pour l’archipel de disposer d’une abondante réserve de charbon. A environ 60 km au sud-est de Longyearbyen, une mine fut ouverte par une compagnie suédoise en 1917. Modernisée et remise en activité, c’est aujourd’hui la mine dont est extrait le charbon alimentant la centrale thermique produisant l’énergie utilisée sur l’archipel. Des essais d’implantation d’éoliennes se sont soldés par des échecs en raison des conditions climatiques, les pales s’alourdissant d’embruns et étant rapidement détruites. 

L’ensoleillement ne permet pas l’usage de capteurs et un projet d’alimentation électrique par câble à partir de la Norvège a été abandonné en raison de son coût inadapté.


Barentsburg, située dans le Grönfjorden à l'Ouest de Longyearbyen, est une ville minière à l'origine hollandaise et rachetée par l'Union Soviétique en 1932 ; elle compte environ 800 résidents, pour la plupart d'origine russe et ukrainienne, et c'est de nos jours le lieu principal des activités russes, essentiellement minières et touristiques.

Grumantbyen, entre Longyearbyen et Barentsburg, fut une ville minière russe. Fondée par l'Union Soviétique en 1919, elle a connu un fort développement incluant école, ponton de chargement ainsi qu'une ligne de chemin de fer à voie étroite reliant Grumantbyen à Colesbukta. Elle resta en activité jusqu'en 1962. 
 
À côté de ces agglomérations existent ou existaient des stations plus petites : sur les îles Bjørnøya et Hopen, des stations météorologiques norvégiennes sont occupées toute l'année. Dans le Hornsund, la Pologne entretient depuis 1957 une station de recherche, la seule en dehors de Ny Ålesund, abritant une dizaine personnes.  Sur le Kapp Linné, le gouvernement norvégien installa en 1934 une station de radio-maritime (Isfjord Radio) qui, à coté d'observations météorologiques, servit aux communications entre toutes les implantations au Svalbard ainsi qu'avec le continent. Cette station fut automatisée en 1999.

Les quelques stations de trappeurs 
qui furent utilisées ces dernières 
années sont situées dans les régions 
de la côte ouest.
Il n’est bien sûr pas question ici de passer outre ce qui devrait être la préoccupation majeure de l’humanité actuellement : les modifications irréversibles du climat terrestre. Le changement climatique se manifeste de façon insidieuse de telle sorte que les intérêts financiers planétaires, et en tout premier lieu les intérêts économiques des USA si bien défendus par un Président irresponsable, priment à tel point que ces défenseurs des intérêts financiers sont encore en mesure d’en nier les conséquences destructrices. Les populations déplacées en raison de la disparition de leurs zones d’habitat ne trouvent encore que peu d'échos de la part des médias, alors que des camps de réfugiés privés des soins les plus élémentaires se concentrent… du Bengladesh au Mozambique en passant par tous les pays côtiers, la montée prévisible du niveau de la mer détruit et détruira encore d’immenses zones de vie et de culture en appauvrissant les populations. Mais nous en sommes réduits à ce qu’il faille attendre la destruction de nos propres côtes, de nos propres récoltes, afin que nos dirigeants parviennent à prendre en compte l’urgence de la situation. Nous l’avons évoqué plus haut, le recul des glaciers a débuté dès le 19ème siècle et ne peut donc être entièrement attribué à l’activité humaine. Selon certains experts du GIEC, c’est la combinaison d’un réchauffement climatique historique aggravé par l’activité humaine qui est en cause dans la crise que nous vivons, et nous devons nous efforcer par tous les moyens possibles d’en limiter les conséquences afin d’offrir à nos enfants une terre encore habitable.

Mais il faut faire la part des choses entre ce que j’appellerais le fanatisme écologique et la réalité objective, même si la limite entre les deux concepts est difficile à définir. Je tiens ici à préciser que je suis un défenseur convaincu  du maintien de la biodiversité, des conditions climatiques permettant à chaque population sur notre planète de vivre dans des conditions correctes, et que pour ce faire il nous reste à accepter des sacrifices considérables afin que la réduction des disparités des niveaux de vie soit envisagée. Par exemple, ce sont des centaines de millions d’enfants qui sont touchés par des conflits, dont un grand nombre se situent dans des régions aux conditions climatiques vulnérables.

Beaucoup d’entre nous ont vraisemblablement vu une vidéo tournée par  le photographe du National Geographic Paul Nicklen montrant un ours polaire complètement décharné, harassé par des milliers de kilomètres parcourus à la recherche de ressources comestibles et se mourant sur un sol aride et desséché. Ce qu’il faut savoir à ce sujet : les ours polaires sont une population certes en décroissance lente mais régulière, bien que nulle information fiable ne soit connue à ce sujet, et au nombre d’environ 3 000 dans l’archipel du Svalbard actuellement. L’ours qui a été filmé dans la vidéo incriminée est un ours en fin de vie naturelle, qui a perdu aussi bien ses dents que ses griffes, et qui n’a donc plus les moyens d’assurer sa subsistance. Il s’agit, aussi tragique que soit l’image, de la fin naturelle de la plupart des ours polaires. De l'ours polaire ainsi que d'un grand nombre, sinon la plupart, des animaux sauvages. Mais l’ours polaire est le plus gros carnassier de la planète, et se nourrit principalement de phoques, parfois de poissons, et ne rechigne pas devant un cadavre de baleine comme nous le verrons plus loin. Il est donc évident que la disparition de la banquise, son principal lieu de vie et de reproduction, représente une menace vitale pour lui.

Mais laissons si vous le voulez bien cet aperçu géopolitique et météorologique pour suivre un peu l’extraordinaire périple qui nous a conduits entre glaciers et moraines devant une nature sauvage et aride, jalouse de virginité sauvegardée. Durant tout le parcours, qui s’est déroulé du 2 au 9 juillet 2019, les températures ont oscillé entre 4 et 8°C, atteignant rarement 12°C vers la fin du séjour. Nous avons également pu respirer l’air le plus pur qu’il était imaginable d’espérer, mais nous savions pourtant bien que nul air sur cette planète n’est plus désormais pur, et que nous avions seulement un peu moins de particules et de microparticules à respirer qu’en d’autres endroits sur terre.

Une rapide visite de Longyearbyen nous a permis la confrontation avec les rudes conditions de vie des habitants. La majorité d’entre eux sont des résidents à vocation scientifique, et une université comptant environ 250 étudiants offre un enseignement en géologie, géophysique, en biologie arctique ainsi qu'en différentes technologies arctiques.
Université du Svalbard et musée



Une mention particulière pourra être portée sur le musée, extension de l'université, petite merveille qui retrace avec réalisme les conditions de vie du Svalbard, sans oublier sa faune et sa flore.

Le deuxième jour, le 3 juillet, nous amène à Hambergbukta, ou nous débarquons à bord de zodiacs, moyen de déplacement qui nous accompagnera durant toute la croisière. Il nous faut naturellement un équipement spécial, des bottes nous ayant été prêtées, une parka très confortable portant les couleurs de la Compagnie nous ayant été donnée, chacun étant par ailleurs contraint de se munir de gants appropriés, de bonnet fourré et surtout d'un sur-pantalon utile lorsque l'on quitte le zodiac avec 30 à 50 cm d'eau sous les pieds. Il est bien précisé que tout le programme de la croisière est soumis aux aléas climatiques et que seul le commandant est responsable du choix des étapes, chacune pouvant être modifiée voire même annulée. Un tour assez large nous a permis d'approcher ces populations si sympathiques que sont les phoques, représentés majoritairement par les phoques barbus et les phoques annelés.












Ils se prélassent sur des plaques de glace issues de la banquise, et semblent contempler le temps qui passe avec une infinie patience. Leurs têtes de braves toutous nous font fondre de tendresse. Mais la nature étant ce qu'elle est, nous n'oublions pas que les phoques représentent la nourriture principale des ours polaires ! Une autre espèce de mammifères marins surgit tout à coup sous nos yeux: les morses. Nous avons eu l'occasion d'approcher ces êtres immenses et flasques, pourvus de deux canines supérieures de grande dimension (pouvant atteindre jusqu'à un mètre).


Ils sont ainsi en mesure de fouiller la vase à la recherche de leur pitance, des coquillages dont ils arrivent à gober la partie charnue sans avaler la coquille, tellement leur capacité de succion est élevée. Leur embonpoint est tel qu'ils n'arrivent guère à se mouvoir sur terre, et passent ainsi des heures affalés sur le sable en profitant des rayons du soleil bienfaisant. Ils sont parfois attaqués par l'ours polaire, mais leur façon de former un groupe compact déjoue souvent l'agressivité de l'ours qui préfère se rabattre sur des phoques plus isolés et donc aussi plus fragiles. En revanche, dans l'eau leur capacité de mouvement est bien plus agile, et ils peuvent représenter un véritable danger si l'on s'en approche trop.
Mais quelle ne fut pas notre surprise de voir apparaître un renard polaire, vêtu de sa toison d'été, assurant son mimétisme avec la toundra. Ce petit renard a eu un comportement exceptionnellement social, s'approchant de notre groupe, se laissant photographier comme une vedette. Toutefois je l'ai vu saisir un bâton et le mâcher avec... rage. Et je me suis demandé s'il n'en était pas précisément souffrant, cette maladie sévissant sur l'archipel. 

Nous trouvons ici ou là des dépôts ou ordures en plastique, vraisemblablement en provenance de la Sibérie voisine. Il est prévu dans le contrat unissant la Compagnie au gouvernement norvégien que chaque détritus observé devait faire l'objet d'un rapport et être récupéré. Notre troisième étape fut le glacier "Negri", appelé Negrigreen en mémoire d'un président de l'Institut de Géographie Italienne, Christoforo Negri, qui est le plus grand glacier de l'archipel avec un impressionnant mur de glace d'une vingtaine de kilomètres de large. Il y a 70 ans, son front était deux fois plus large et le glacier s'enfonçait beaucoup plus loin dans le fjord. Ce phénomène n'est pas la conséquence du réchauffement climatique mais correspond à un événement dit "de surge" strictement naturel et épisodique.


Notre bateau, qui n'est pas un brise-glace mais qui est conçu pour affronter des plaques jusqu'à 4O cm d'épaisseur, s'arrête et nous prenons place sur des zodiacs pour se faufiler entre les plaques. Certaines sont des plaques bien planes, alors que d'autres sont de petits icebergs de toutes formes.

Nos naturalistes nous apprennent que les premières proviennent directement de la banquise située à quelques centaines de kilomètres plus au nord, et sont donc issues d'eau salée. L'eau salée gèle à une température de l'ordre de -1,8 à -2°C, dépendant du taux de salinité. Les petits icebergs de multiples formes sont appelés "bourguignons", terme donné par les baleiniers en référence à la "pièce", tonneau de 228 l de vin. Ils sont de dimensions comprises entre un et une vingtaine de m2 et sont constitués d'eau douce, mais nous n'oublions pas que la partie visible ne représente qu'un dixième de leur masse environ.


L'ensemble des champs de glace qui nous entoure est appelé "brash".


Alors que nous regagnons le bateau sur nos zodiacs, un gigantesque vêlage, la chute d'une grande partie de la paroi du glacier, s'effondre brusquement dans la mer, entraînant une multitude de masses de glace et provoquant des vagues impressionnantes. Le bateau qui était positionné prêt à partir, stabilisé par ses moteurs latéraux et non par encrage, est alors parti au plus vite de la zone; ce phénomène d'une rare ampleur n'a malheureusement pu être photographié par mes soins faute de matériel ! Mais quel souvenir !  Au quatrième jour nous prenons place à nouveau sur les zodiacs et sommes débarqués à quelques centaines de mètres du site Bellsund, qui nous offre une vue superbe sur le glacier "Recherche", qui tire son nom du bateau d'expédition français La Recherche qui transportait la Commission scientifique du Nord entre 1838 et 1840. Le sol graveleux laisse cependant pousser quelques plantes très rares et de faible hauteur, parmi lesquelles la saxifrage à feuilles opposées ou le cranson officinal très riche en vitamines C qui sauva bien des marins du scorbut. 
Il pourrait s'agir de silène acaulis présente également dans nos Alpes


Saxifrage à feuilles opposées
Cranson officinal


Arrivés sur une butte en face du glacier, nous avons eu l'occasion d'observer à nouveau un vêlage, c'est-à-dire une partie du glacier qui s'effondre brusquement. Tout glacier est un être vivant, bougeant sans cesse, se fissurant dans un fracas de coups de tonnerre puissants. 


Pour des raisons de sécurité, il est à noter que chaque sortie terrestre se fait entourés d'au moins deux guides naturalistes, chacun armé d'un lance fusée d'alarme et d'une carabine. Il s'agit d'une disposition réglementaire et valable pour l'ensemble de l'archipel en dehors de la zone protégée de la capitale Longyearbyen.
"S'applique à l'ensemble du Svalbard"
L'ours polaire est une menace constante, capable de s'approcher silencieusement et se déplace en fait très vite. Sa vitesse moyenne est de 5 km à l'heure, mais il est en mesure sur une courte distance d'approcher les 30 km à l'heure. En cas de nécessité, le guide commence par tirer une fusée ce qui dans pratiquement tous les cas fait fuir l'ours, mais dans les 20 dernières années il a malheureusement été nécessaire d'abattre trois ours menaçants. 

Le cinquième jour, le 6 juillet, nous permet de longer la merveilleuse île du Prince Charles, Prins Karls Forland, parcourue sur sa moitié nord par une chaîne impressionnante de montagnes se découpant majestueusement dans le ciel et complètement enneigées.
Mais la mer nous offre un spectacle de nombreuses baleines qu'il ne nous est guère possible d'identifier, tant leur passage en quête d'oxygène est furtif. Toutefois, l'une d'elles étant particulièrement longue, nos naturalistes affirment qu'il s'agit d'une baleine bleue, si rare actuellement. Mais il faut se souvenir que si la baleine était très répandue avant l'arrivée des chasseurs, certaines espèces telles que la baleine bleue, le plus gros mammifère actuellement recensé au monde (certains spécimens atteignaient plus de 40 mètres), offraient une telle source de graisse qu'elles ont pratiquement été éradiquées.



L'espèce actuellement est estimée compter entre 500 et 2500 individus, et il n'est pas prouvé que ce nombre soit en augmentation malgré l'interdiction de la chasse depuis 1986. La Norvège, l'Islande et plus récemment le Japon poursuivent la chasse à la baleine, même s'ils prétendent en limiter l'étendue. 

C'est donc aux pieds des glaciers Sarstangen et Fuglehuken que nous nous approchons, et cette journée nous réserve des surprises magnifiques.


Débarquant d'un zodiac sur une jetée déserte, nous apercevons un troupeau de morses faire une sieste langoureuse et nous pouvons l'approcher jusqu'à une trentaine de mètres. Un morse sort péniblement de l'eau et tente de rejoindre la troupe, mais s'affale d'épuisement en cours de route !  
Mais la vraie surprise fut, l'après-midi, au pied de Fuglehuken, de découvrir un cétacé mort à proximité de la berge, et d'observer un peu plus loin une maman ours avec ses deux oursons, vraisemblablement repus après un bon repas.



De nombreuses mouettes tridactyles se servaient à leur tour, et quelques kilomètres plus loin un ours devait vraisemblablement se rapprocher. Les ours polaires ont un tel odorat qu'ils sont capables de détecter une proie à une distance d'une trentaine de kilomètres. Ah ma banquise...

c'est le sixième jour que notre bateau met le cap sur le nord, naviguant prudemment entre les plaques de plus en plus nombreuses, entouré d'une constante ronde d'oiseaux polaires, mouettes et goélands, guillemots à miroir, fulmars boréals et d'autres au vol si vif qu'il n'était pas possible de les identifier.
Arrivés à 80° et 23,4 " de latitude nord, nous sommes arrêtés par une telle densité de plaques que nous sommes contraints de stopper; et là intervient encore une magnifique surprise: un ours se déplace, tantôt sur la glace, tantôt en nageant, et nous pouvons l'observer durant de longues minutes.
Il s'avère que l'ours polaire passe indifféremment d'un sol meuble à la banquise et dans la mer, à tel point que nos naturalistes le qualifient volontiers de mammifère marin plutôt que terrestre. Les jours passent trop vite et, c'est vrai, la présence continue du soleil haut dans le ciel perturbe notre notion du temps. Le septième et dernier jour de navigation nous amène devant l'immense glacier du 14 juillet, nom donné par le prince Albert 1er de Monaco, explorateur enthousiaste de l'archipel, qui l'a découvert ce jour là. Il nous est également donné d'observer sur la berge de nombreux oiseaux




Remarquez les quatre poussins entre les deux bernaches !
dont un petit bruant des neiges très vif se mirant dans l'eau, des eiders à duvet ainsi que deux bernaches accompagnées de leurs petits qui se confondent avec les courtes herbes de la toundra. Nous avons également aperçu trois rennes paissant au pied de falaises recouvertes de lichen orange: ce lichen particulier est constitué d'un champignon vivant en symbiose avec des cellules issues du goémon. Depuis le zodiac nous avons pu aussi observer des oiseaux nichés dans les trous des rochers de la falaise, se mettant ainsi à l'abri des prédateurs.







En particulier, nous avons vu nos adorables macareux, les clowns des mers (et si vous le voulez, allez visiter sur ce même blog mon reportage en Islande, en août 2014), mais aussi des guillemots de Brünnich, des mergules nains, des mouettes tridactyles et d'autres plus difficilement identifiables. En principe, vous retrouverez ces oiseaux en consultant les sources citées en fin de texte. Bon, le mardi 9 juillet est arrivé, nous avons dû faire nos valises avec d'immenses soupirs, mais allons quitter cette région privilégiée du monde, unique, avec la tête emplie de souvenirs. Alors vous le savez bien maintenant, nous n'avons qu'une idée en tête: vous en faire profiter au mieux, chers amis.


Sources :

Carnet de voyage croisière « l’essentiel du Spitzberg », PONANT
« Le monde des icebergs » Christian Kempf, éd. L’escargot savant. www.escargotsavant.fr
« Spitzberg, visions d’un baladin des glaces » Emmanuel Hussenet, éd. Transboreal www.transboreal.fr

http://www.svalbard.fr/geographie-Svalbard-Spitzberg.php 
http://www.svalbard.fr/faune-liste-Svalbard-Spitzberg.php 
http://www.svalbard.fr/faune-mammiferes-marins-Svalbard-Spitzberg.php 
https://www.notre-planete.info/actualites/4431-chasse-baleines-Islande 
https://www.geo.fr/environnement/lislande-augmente-ses-quotas-de-chasse-a-la-baleine-un-coup-de-bluff-194714 
https://www.geo.fr/environnement/lislande-augmente-ses-quotas-de-chasse-a-la-baleine-un-coup-de-bluff-194714 
https://www.lpo.fr/images/voyagesornithos/Spitzberg/Spitzberg2007Hamon.pdf 
https://www.unicef.org/media/48811/file/Humanitarian-action-for-children-2019-fr.pdf 



Madame, monsieur, très chers amis, vous connaissez l'engagement que mon épouse et moi-même avons auprès de la sauvegarde des enfants partout dans le monde. L'UNICEF en est le principal garant, et je dédie une fois de plus ce blog aux enfants, tout particulièrement à plus d'un milliard d'enfants défavorisés, souffrant de maladies évitables et de faim, victimes des conflits dont ils sont hélas souvent les cibles privilégiées. Apportez à cette cause si profonde votre soutien s'il vous plaît.

Mon matériel photo n'a guère changé: Pentax K-5 objectif Sigma 120-400 1:4,5-5,6 APO, Sony RX 100 IV Zeiss 1,8-2,8. Quelques retouches Lightroom 4.4 pour améliorer les fautes d'exposition, et Photofiltre Studio X afin d'effacer quelques détails superflus et recadrer certaines images. Mise à part la carte du Svalbard en début de page, l'intégralité des photographies ont été prises par moi.

Vous pouvez agrandir et copier ces photographies libres de droit selon vos envies, mais si toutefois vous souhaitez en faire des copies sur un support public (dont réseaux sociaux), il est impératif d'en préciser l'origine.